Cet essai en plein champ va-t-il révolutionner la production d'orge ?
Le premier essai en plein champ de Suisse utilisant des plantes issues de nouvelles technologies de sélection débutera ce printemps à Zurich. Concrètement, il s'agit de cultiver une orge de printemps qui produit plus de grains par épi. Si l'essai fonctionne, cette technologie devrait être d'un grand intérêt pour l'agriculture suisse.
lundi 18 mars 2024
Il s'agit d'un essai en plein champ qui pourrait révolutionner la production d'orge. A partir de ce printemps et pour une durée de trois ans, des orges de printemps modifiées par de nouvelles technologies de sélection seront cultivées sur un champ expérimental à Zurich Reckenholz. Agroscope a reçu de l'Office fédéral de l'environnement l'autorisation correspondante pour un essai en plein champ avec des plantes «génétiquement modifiées», car les nouvelles technologies de sélection sont considérées en Suisse globalement comme du génie génétique – même si elles sont beaucoup plus précises et plus sûres que le génie génétique traditionnel et encore beaucoup plus précises que la sélection par mutation aléatoire, également classée comme génie génétique par la Cour de justice européenne, qui est utilisée jusqu'à présent dans la sélection végétale conventionnelle et biologique, et qui fonctionne avec une irradiation radioactive ou un traitement chimique. Il s'agit du premier essai en plein champ autorisé en Suisse avec des plantes issues de nouvelles technologies de sélection, comme le rapportent «topagrar» et d'autres.
Entre-temps, le «Blick» a lui aussi rendu compte de l'essai en plein champ et reconnu le potentiel de l'orge transgénique. «Cette plante pourrait changer l'agriculture», a titré le journal, soutenu par des voix scientifiques. L'article donne également la parole à des voix critiques. L'une d'entre elles est Martin Bossard, responsable politique de l'association Bio Suisse. Il trouve l'essai sur l'orge à Zurich inutile. En effet, la variété d'orge testée n'est pas cultivée en Suisse. Il ne tient cependant pas compte du fait qu'il ne s'agit pas des différentes variétés, mais de la recherche de caractéristiques et de propriétés qui a lieu sur des plantes modèles.
Avec les nouvelles méthodes de sélection, comme par exemple les ciseaux génétiques CRISPR/Cas, il est possible d'effectuer des interventions ciblées dans le patrimoine génétique d'une plante, ce qui permet de cultiver des variétés plus robustes et d'augmenter le rendement de la variété. C'est précisément l'espoir que suscite l'essai en plein champ à venir. La raison : dans le cadre d'une expérience comparable sur le riz, des chercheurs de l'Université libre de Berlin et des scientifiques de l'Institut Leibniz de génétique végétale et de recherche sur les plantes cultivées sont arrivés à la conclusion que la mutation du gène CKX2 – qui est également au centre de l'essai en plein champ à Zurich – a un effet inattendu sur le rendement. Les résultats étaient si prometteurs que la mutation a aujourd'hui trouvé une large application dans la culture du riz.
Plus de grains par épi grâce à l'édition du génome
Dans le cas présent, les chercheurs ont cultivé de manière ciblée un caractère qui permet de produire plus de grains par épi. Les scientifiques y sont parvenus en rendant inopérantes les deux copies différentes du gène CKX2, ce qui a eu pour effet de produire plus de grains par épi dans la serre. Si cette méthode fonctionne pour l'orge cultivée dans notre pays - et également dans les champs où elle est maintenant testée - cette application de nouvelles technologies de sélection serait tout à fait intéressante pour l'agriculture suisse.
Bien que cette orge nouvellement sélectionnée soit juridiquement réglementée en Suisse comme étant génétiquement modifiée, elle ne se distingue guère des sélections traditionnelles sur le plan génétique. En effet, les mutations introduites pourraient théoriquement être le fruit du hasard. Les nouvelles techniques de sélection les ont toutefois introduites avec précision à l'endroit souhaité.
Mais quel est l'avantage de l'augmentation des rendements pour une agriculture durable ? L'augmentation des rendements est durable en raison de l'efficacité accrue des surfaces, car il est désormais possible de produire davantage sur une même surface. Selon une étude de l'université de Cambridge, la biodiversité profite d'une «production densifiée». Cela signifie que les ressources sont utilisées le plus efficacement possible lorsque l'on produit autant que possible sur de petites surfaces. Cela permet en outre de préserver la nature, car elle peut en contrepartie s'épanouir sur d'autres terres. A cela s'ajoute le fait que les rendements sont augmentés. En revanche, ce n'est pas le cas de l'extensification de la production agricole (par exemple dans l'agriculture biologique) : de plus en plus de surfaces sont utilisées pour des rendements équivalents, voire légèrement inférieurs. Une part toujours plus importante de la production de biens agricoles se déplace ainsi vers des surfaces à l'étranger.
Essais en plein champ dans un «site protégé»
La Suisse connaît depuis 2005 un moratoire sur le génie génétique, qui autorise certes la recherche sur le génie génétique, mais interdit de semer des plantes génétiquement modifiées par le génie génétique classique. A Reckenholz, dans le canton de Zurich, Agroscope exploite depuis 2014 une parcelle expérimentale sécurisée pour des essais en plein champ avec des OGM. Cependant, les conditions restrictives entravent et renchérissent considérablement la recherche.
Un grand potentiel pour les nouvelles technologies de sélection en Suisse
Outre l'orge modifiée, il existe d'innombrables autres exemples de nouvelles technologies de sélection qui pourraient être intéressantes pour l'agriculture suisse. Des chercheurs japonais ont par exemple développé un blé plus robuste grâce à l'édition du génome, ce qui permet de sauver les rendements en cas de fortes pluies – un phénomène qui se produira de plus en plus souvent à l'heure du changement climatique.
Mais les nouvelles technologies de sélection ne peuvent pas être utilisées uniquement pour améliorer les rendements. L'édition du génome, par exemple, permet de réaliser des sélections de précision particulièrement utiles dans le domaine de la lutte contre les maladies. Les pommes de terre résistantes au mildiou, également cultivées à l'aide de ciseaux génétiques, en sont un exemple. Vous trouverez ici d'autres exemples.
En Suisse, le cadre légal pour l'utilisation de plantes génétiquement modifiées fait désormais l'objet de discussions politiques au plus haut niveau. D'ici le milieu de l'année 2025, le Conseil fédéral veut soumettre des propositions à ce sujet au Parlement.
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